Lutter contre le syndrome de la page blanche en quelques conseils
Je pensais ne jamais avoir à intituler ainsi un article de ce blog : lutter contre le syndrome de la page blanche. Parce que pour en parler, il faut l’avoir vécu et j’avais autrefois une telle capacité de production que je ne me sentais absolument pas concernée.
Mais ça c’était avant. Depuis, j’ai fini les Oghams, j’ai fini Sorceraid et j’ai échoué à achever quoi que ce soit d’autre depuis l’hiver dernier. Ca fait un petit coup à l’ego, un petit coup au moral… et lorsqu’enfin on est prêt à s’y remettre, soudain, la page blanche prend une solennité exclusive.
Par chance, ce mal n’est que passager, si vous vous y prenez bien. Alors comment remettre le pied à l’étrier, notamment en cette période de confinement si propice à la reprise de l’écriture ?
Se remettre en jambe avec des formats très courts
Parce que pour écrire une nouvelle d’une page ou deux, il ne vous faut qu’une idée, un brin d’inspiration qui peut provenir de n’importe où : un livre que vous aurez lu, une remarque que vous vous serez faite suite à un événement dans votre vie personnelle, une personne que vous aurez rencontrée, un thème tiré d’une série, que sais-je encore !
L’avantage d’un format très court, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’enjeu : vous exploitez une idée sans risque, juste pour le plaisir de l’exercice. Vous vous remémorez votre amour des mots, ce pour quoi vous avez choisi d’écrire. Vous gardez un lien avec votre passion sans vous prendre la tête. Très efficace pour dédramatiser !
S’aérer l’esprit
Parfois, il suffit de s’accorder un break (un vrai break !) pour que l’inspiration revienne. Vous n’êtes pas une machine et votre esprit a besoin de s’aérer pour y voir plus clair.
Votre repos peut durer quelques heures : l’occasion de sortir, de lire un bon roman, de passer du temps avec vos proches, de tester quelque chose de nouveau, de faire du sport. Il peut aussi s’étendre sur une période plus longue : des jours, des semaines ou même des mois.
Ne vous mettez pas trop la pression. En ce qui me concerne mes meilleures idées de roman sont arrivées pendant des périodes où je n’avais aucune intention d’écrire !
Découper le projet en petits paliers
Un blocage psychologique peut survenir au moment de démarrer un nouveau projet car le chemin à parcourir pour atteindre le point final nous semble trop important pour que nous puissions tenir jusqu’au bout.
Découper le projet en plus petites étapes peut contribuer à le rendre moins impressionnant. A chaque palier, vous aurez remporté une victoire, et de victoire en victoire, vous atteindrez le sommet ! 🙂
Se sur-préparer
Qu’est-ce que j’entends par se “sur-préparer”?
Si vous avez déjà une idée de récit mais que vous ne parvenez pas à vous lancer, planifiez vos opérations dans un degré de détail supérieur à ce que vous feriez en temps normal. Ayez en tête la structure de tout ce que vous souhaitez écrire, à l’échelle du récit et à l’échelle du chapitre (au moins les premiers chapitres). Construisez rigoureusement vos personnages : projetez-les dans les péripéties que vous leur réservez, expérimentez dans votre esprit différentes réactions, les émotions qu’elles suscitent chez vos personnages, leurs conséquences. Familiarisez-vous avec ces gens dont vous allez narrer l’histoire comme vous feriez la connaissance d’amis. Faites-le pour votre héros et pour les protagonistes qui graviteront autour de lui/elle. Faites-le aussi pour les lieux emblématiques dans lesquels ils évolueront.
Construisez tout cela et quand vous aurez l’impression d’en savoir assez pour commencer à écrire : stop, attendez encore un peu ! Travaillez encore votre oeuvre dans votre imagination. Quand vous connaîtrez si bien vos personnages qu’ils prendront votre esprit d’assaut sans que cela ne nécessite la moindre réflexion de votre part, quand vous pourrez naviguer spontanément dans les grands temps de votre récit et dans ses décors, quand la perspective de ne pas écrire ne suscite plus chez vous que de la frustration : allez-y, ouvrez le PC et attaquez l’écriture.
Cette recommandation peut surprendre, mais transformer la frustration en force de création s’est révélé très puissant chez moi. Par ailleurs, ayant construit une feuille de route très claire et détaillée, vous risquez moins de souffrir de la page blanche plus tard dans le processus. Vous saurez exactement où aller et comment ! Sans parler de cette envie irrépressible que vous aurez d’en arriver à ce passage qui vous avait tant emballé lorsque vous vous étiez fait le film mental de votre récit ! 😉
Se mettre dans de bonnes conditions
Choisissez bien le moment de vos toutes premières retrouvailles avec votre page vierge. Vous êtes là, vous êtes archi-prêt à démarrer, quand soudain… [Le téléphone sonne/vos enfants crient/le dîner est servi/il faut partir travailler/autre].
Ne brisez pas cet élan qui vous vient des tripes. Faites en sorte que le moment choisi pour vous remettre à écrire soit un moment à vous. Faites en sorte d’être dans des conditions idéales, confortables, sans contrainte de temps, sans source de distraction.
S’y mettre et puis tant pis
Ecrivez, et tant pis si votre prose n’est pas parfaite ! D’abord vous écrivez et ensuite vous corrigerez.
On sait tous à quel point le premier paragraphe d’un nouveau projet d’écriture est vicieux. Il a cru qu’il avait le droit de vie ou de mort sur votre production, il est fou lui ! Ecrivez-le, ce satané premier paragraphe, et s’il ne vous plait pas, vous y reviendrez plus tard, quand vous aurez suffisamment avancé pour ne plus qu’il représente une menace.
Ecrire souvent, voire tous les jours, et s’arrêter à un moment où vous connaissez la suite
Plus vos sessions d’écriture seront espacées, plus il vous en coûtera de vous replonger dans le récit. Pour cette raison, il est judicieux d’écrire le plus souvent possible. Inscrire l’écriture dans une routine quotidienne est une bonne façon de ne jamais perdre le cap.
Par ailleurs, arrêtez-vous toujours à un moment où vous savez ce qui vient ensuite. Cela réduira aussi le temps de reprise la fois suivante. N’hésitez pas à noter en quelques mots ou lignes ce que vous avez en tête lorsque vous vous arrêtez. En un instant, vous reprendrez le fil !
Il s’agit d’une bonne pratique pour augmenter votre productivité. Je la cite toutefois dans cet article car à mes yeux, le syndrome de la page blanche est aussi une question de confiance en soi. Or, plus vous fluidifierez vos séances d’écriture, plus vous serez à l’aise et confiant, et moins la page aura de chance de vous impressionner.
J’espère que ces quelques astuces vous auront permis de remettre le pied à l’étrier ! N’hésitez pas à partager vos propres conseils dans les commentaires.
Publié par lenalucily
Léna Lucily est romancière depuis 2016. Quinze parutions plus tard, la même passion l’anime : créer des personnages qui pourraient être vous ou quelqu’un qui vous est cher, puis les placer dans des univers proches du nôtre. La City de Londres version sorciers, un Finistère en guerre contre ses immortels, les côtes de la Manche au détour d’une romance… de la fantasy au roman feel good, un but : vous donner l’impression d’y être !
Conceptrice pédagogique de métier, Léna Lucily est une lève-tôt. Elle écrit en buvant son premier café du matin, puis dans le métro, puis en marchant, puis parfois sur sa pause déjeuner, et de nouveau dans le métro, et avant de dormir. Elle adore discuter d’auto-édition ou voir ses lecteurs se creuser la tête pour savoir ce que leur réserve le prochain tome d’une de ses sagas.
Éternelle fatiguée, rêveuse en continu, rien ne lui ferait plus plaisir qu’un bon moka d’Ethiopie ou un petit message de votre part, alors n’hésitez pas à passer lui faire un coucou sur les réseaux sociaux (Léna Lucily) ou sur www.lenalucily.com.
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